Fils d’ouvriers, aîné de quatre enfants, CAP d’électricien en poche et vocation pour le métier des armes bien affirmée, Jacques Serre a 18 ans quand il s’engage et rejoint Maison Carrée, en Algérie. Nous sommes en novembre 1960. Après le cessez-le-feu, le régiment est dissous et le caporal-chef Serre affecté à Saint-Germain-en-Laye, toujours dans les transmissions. Trois ans et un mariage plus tard, c’est avec des galons de sergent que Jacques Serre arrive en Allemagne. Il y passe six années durant lesquelles sa compétence et son sens des responsabilités sont récompensés par un avancement rapide. Ambitieux et volontaire, l’adjudant Serre réussit le concours des officiers techniciens.
Quelques années plus tard, le capitaine Serre rejoint le 18e régiment de transmissions d’Épinal. Son parcours, atypique et brillant, ainsi que la confiance que ses chefs lui portent lui permettent de prendre le commandement d’une compagnie. Conscient que ce temps de commandement sera certainement le seul de sa carrière, le capitaine Serre l’aborde avec enthousiasme et passion. Cette parenthèse sera à la hauteur de ses espoirs: exceptionnelle. Trente ans plus tard, le souvenir en est toujours vivace, de même que le sentiment de reconnaissance qui l’emplit à l’évocation des hommes qu’il a commandé.
Après cette expérience humaine d’une grande richesse, le capitaine Serre approfondit ses connaissances de l’emploi du RITA au sein d’un corps d’armée. Il sollicite ensuite une affectation au commandement des transmissions de la toute nouvelle Force d’action rapide. Il y apprécie en particulier les opérations montées au niveau interarmées, qui permettent de confronter les systèmes de transmissions avec ceux des marins et aviateurs.
En 1988, le commandant Jacques Serre est affecté au commandement des transmissions de la 6e DLB de Nîmes. Il y découvre le monde de la radio, de nouvelles procédures de travail et la sensation d’être parfaitement intégré à toutes les décisions de l’état-major.
Deux années plus tard se dessine la montée en puissance de la division en vue de son engagement dans le Golfe. Pour le lieutenant-colonel Serre commence alors la période la plus marquante de sa carrière militaire, dont elle est en quelque sorte la synthèse. Des événements qui s’enchaînent il retient le professionnalisme des transmetteurs, la fraternité d’armes et les relations de camaraderie avec les militaires américains, mais aussi les moments de grande tension vécus au sein du PC, désormais gravés dans sa mémoire. Les images de cette gigantesque opération militaire lui rappellent les actualités filmées de la Seconde Guerre mondiale et il est en particulier très impressionné par les dépôts logistiques de l’armée américaine, alignements en plein désert de kilomètres de matériels.
Mais, aussi grande soit l’aventure, son souvenir subsiste surtout dans d’infimes détails qui sont autant de témoignages de la qualité des relations humaines. Deux hommes, assis dans le désert à la nuit tombante, partagent après des mois de sevrage une mignonette d’alcool et quelques cacahuètes. À la veille de l’action finale sur As Salman ils devisent sereinement, avec le sens du devoir accompli.