Quand éclate la guerre du Golfe, c’est en épouse du colonel que Catherine Barro arrive à Valence. Peut-être sa jeunesse surprend-elle au début – elle a 34 ans –, mais très vite chacun est conquis par sa gentillesse, sa patience et son sourire.
L’image peut paraître lisse, mais elle n’est pas fade. C’est une femme solide, au parler vrai, sans esbroufe. De la vie militaire, elle est depuis longtemps familière. Fille d’officier de cavalerie, Catherine Barro a passé une grande partie de son enfance à Coëtquidan. Elle y reçoit une éducation simple et posée, dans un milieu qui cultive les valeurs de courage et de persévérance. Elle grandit dans une famille qui compte Hélie Denoix de Saint-Marc parmi ses intimes, aussi y apprend-elle beaucoup sur la parole donnée, l’histoire, la guerre et la vie.
Des coulisses, la guerre du Golfe place la jeune femme sur le devant de la scène, dans un rôle difficile auquel elle n’est pas sûre d’être préparée. Si Catherine Barro n’est pas femme à s’emballer pour des vétilles, elle est tout à fait consciente que son attitude va être observée et va influencer celle des autres épouses. La pression est forte et, dans la position qui est désormais la sienne, « on ne s’appartient plus vraiment ». Elle peut, heureusement, compter sur le soutien et l’amitié de la femme du président des sous-officiers et sur l’officier responsable de la base arrière du régiment.
Après l’agitation des préparatifs de départ et les larmes de la séparation, les épouses, parfois très jeunes, doivent affronter seules un quotidien sur lequel vient se greffer une angoisse insidieuse entretenue par des informations télévisées souvent alarmistes. Il s’agit alors, pour Catherine Barro, d’épauler et de soutenir, d’être présente, d’aider sans s’immiscer. Vingt ans après, elle rend hommage à ses trois enfants, alors âgés de 10 à 15 ans, qui ne se sont jamais plaints, apportant ainsi à leur mère un précieux soutien durant six mois.
Catherine Barro met en avant un « réflexe » collectif d'entraide, de respect mutuel, de générosité et de grande amitié. Elle ne cesse de penser que le plus beau cadeau aura été le retour au grand complet de tous, sans aucun blessé grave ni mort.