L’uniforme et le cheval sont indissociables de la vie de Jacques Allavena. Né d’un père garde républicain alors en service à Paris, à la caserne Napoléon, c’est tout naturellement qu’il commence l’équitation à l’âge de 11 ans.
À cette école du courage et de la patience, le jeune athlète développe ses qualités morales: comme tout cavalier débutant, il apprend à vaincre sa peur, domestique ses réflexes et forge sa volonté. Il lui faut également composer avec la personnalité de l’Autre, le cheval, et user de psychologie pour lui en imposer. Déjà, il apprend que « commander c’est prévoir et anticiper ». Mais ce sport difficile et dangereux est aussi un art qui nécessite une toujours plus grande esthétique, une tenue soignée et, si possible, de l’élégance et du panache.
L’adolescence de Jacques Allavena s’est-elle nourrie de récits de campagnes et de guerres ? Son imagination a-t-elle été hantée par ces militaires exceptionnels, les Lyautey, Foucault, Leclerc… dans la vie desquels le cheval a tenu une grande importance ? S’est-il rêvé dans la peau d’Henry de Bournazel, « le cavalier rouge », engagé à 18 ans au 4e Hussards, héros dans le sens le plus pur du terme et pour certains un modèle de jeune officier ?
Quand Jacques Allavena rejoint l’arme blindée cavalerie, en 1982, tradition et modernité s’y mêlent harmonieusement. Si les troupes sont à présent motorisées et blindées, les régiments entretiennent toujours le savoir-être et le savoir-faire du cavalier; on y cultive des vertus comme l’audace, la détermination, l’intelligence de situation et la vitesse d'exécution. Riche d’un passé prestigieux, l’arme blindée cavalerie l’est aussi d’hommes qui ont en commun le goût de l’action, la fierté de servir, l’allant et le panache.
De panache, le récit que le lieutenant-colonel Allavena fait de la conquête d’As Salman n’en manque pas. À l’époque capitaine, il entraîne ses chars au cœur du dispositif de la 45e division d'infanterie irakienne enterrée sur la route d'As Salman. Conteur plein de verve, il fait revivre l’exaltation qui s’est emparée de tous à l’annonce de la charge et, plus que tout, restitue à merveille la vie de l’équipage d’un char. Avec lui, nous partageons le quotidien du tankiste. Les souvenirs sont précis, rien n’a été oublié, ni les noms, ni la place de chacun. Après l’avoir lue dans les livres, la grande aventure, il l’a vécue et la retrace avec passion, sans pour autant faire l’impasse sur la réalité de la guerre, ses dangers et sa lourde responsabilité de chef.
Aujourd’hui secrétaire général adjoint de la Commission armées-jeunesse, peut-être le lieutenant-colonel Allavena a-t-il aussi l’occasion de raconter aux plus jeunes l’élan formidable qui s’est alors emparé de la population française. Le soutien apporté est impressionnant: les terres d’accueil des régiments se mobilisent pour soutenir « leurs » soldats en guerre, l’acheminement du courrier est saturé par les lettres et les colis anonymes… Quant au retour, c’est une fête aux allures de triomphe.
D’être tous rentrés, d’avoir ramené ses hommes au complet rend l’aventure encore plus merveilleuse, et l’émotion est palpable dans cette voix qui nous restitue plus qu’une autre, non seulement l’histoire de la division Daguet, mais aussi son âme. Certainement l’âme de la division Daguet s’inscrira-t-elle dans la mémoire des hommes et dans l’histoire, comme l’esprit Leclerc cher aux cavaliers.