Pour Marie-Christine Cudennec, l’été 1990 se révèle bien différent des précédents. Alors que son mari embarque en direction de l’Arabie Saoudite, elle doit faire face seule aux difficultés liées au déménagement et à la rentrée scolaire de ses trois grands enfants. C’est pourtant sereinement qu’elle appréhende le départ de son mari. Mariée depuis vingt ans, elle est en accord avec lui sur le fait qu’un parcours de médecin militaire demeure incomplet s’il ne comporte pas l’expérience du terrain.
Placée pour la première fois dans cette situation, elle découvre combien six mois c’est long, surtout quand le déroulement et les conséquences de la guerre sont imprévisibles. Très vite, Marie-Christine Cudennec fait l’apprentissage de la solitude et de l’oubli. Les vrais amis se révèlent, et il faut se rendre à l’évidence qu’ils sont bien peu nombreux. Heureusement, la hiérarchie militaire est présente et apporte un véritable soutien moral.
Les enfants, déjà grands, sont captivés par le flot d’informations, écrites comme télévisées, pas toujours encadrées par des analyses cohérentes. Quand au journal de 20 heures défilent les images de l’acheminement des cercueils vides, la mère de famille intervient pour établir des règles strictes concernant l’accès aux informations. La télévision, avec ses images parfois alarmistes et traumatisantes, est proscrite au profit de la presse écrite.
Quand vient l’heure du retour, toute la famille entoure le « guerrier » et se réjouit. Mais il faut bien se rendre à l’évidence, six mois passés dans le désert à résoudre en permanence des problèmes urgents et délicats, dans un contexte menaçant, cela change un homme. Les difficultés du quotidien paraissent un peu mesquines et il faut un peu de temps pour retrouver sa place dans une famille qui a vécu six mois sans lui.
De cette parenthèse dans sa vie de couple, Marie-Christine Cudennec confie qu’elle demeure une expérience passionnante et enrichissante pour l’un comme pour l’autre. Dure à vivre, elle n’a cependant pas généré de regrets car tous les deux en sont sortis grandis.