Aujourd’hui directeur de la communication du groupe EADS, Pierre Bayle est journaliste professionnel depuis près de vingt ans quand il couvre la guerre du Golfe.
Ce conflit est pour lui l’occasion de mettre au service de l'AFP ses compétences linguistiques – il a étudié l’arabe à l’INALCO –, ainsi que ses connaissances militaires: il est alors capitaine de réserve.
Pierre Bayle connaît également bien le terrain: entré au service étranger et spécialisé Proche-Orient de l’AFP en 1976, il est en poste à Beyrouth de 1980 à 1982, période durant laquelle il couvre la guerre Irak-Iran, celle des forces libanaises contre l’armée syrienne, le conflit israélo-palestinien au Sud-Liban, l’invasion israélienne du Liban, le siège de Beyrouth, la mise en place des 1re et 2e forces multinationales de sécurité, le désarmement des camps, le retrait des milices palestiniennes en Syrie, l'invasion israélienne de Beyrouth, les massacres de Sabra et Chatila... autant d’expériences éprouvantes et souvent dramatiques qui bousculent les certitudes et mettent à l’épreuve la vocation.
Deux années passées au service politique de l’AFP en qualité de correspondant Défense lui laissent le temps de participer à la 36e session de l'IHEDN; il part ensuite pour quatre ans à Rome d’où il couvre différentes crises survenues dans l’Europe balkanique (Albanie, Kosovo, Roumanie).
L’invasion du Koweït coïncide avec son retour d’Italie. Volontaire, il est tout d’abord envoyé à Chypre où il réalise les synthèses régionales à partir des dépêches des envoyés spéciaux. Il rejoint l’Arabie Saoudite début janvier, retrouvant pour l’offensive terrestre le régiment dans lequel il a servi en Allemagne comme chef de peloton, le 1er Spahis désormais cantonné à Valence et dont les premiers éléments ont débarqué à Yanbu dès la fin du mois de septembre 1990.
L’information en temps de guerre est un sujet délicat et les conflits modernes engendrent souvent des polémiques sur leur couverture médiatique. Celle de la guerre du Golfe, avec un ministre de la Défense personnellement réservé sur l’engagement de la France et peu désireux d’en faire la publicité, n’échappe pas à la critique et les journalistes français se sentent tenus à l’écart des troupes. Avec la nomination d’un nouveau ministre, les choses évoluent et Pierre Bayle est amené à jouer un rôle de médiateur. En concertation avec les officiers de presse du SIRPA, il contribue à rétablir un climat de confiance entre médias et militaires.
L'expérience s’avère positive et son rôle est remarqué puisque, trois mois plus tard, Pierre Joxe lui demande de rejoindre son cabinet avec, entre autres missions, celle d'améliorer de façon structurelle les relations entre la presse et la Défense. Ce travail de longue haleine aboutit en 1998 à la création de la DICoD et de la cellule de communication du chef d’état-major des armées.
Vingt ans après la fin du conflit, la publication sur son blog de ses notes de correspondant de guerre dans le Golfe témoigne de la place importante de l’opération Daguet dans la carrière journalistique de Pierre Bayle. La nostalgie n’est pas loin quand il évoque le cocktail donné à l'ambassade de France à Riyad après le cessez-le-feu: le général Gazeau, porte-parole – en anglais – du général Roquejeoffre, improvise au piano un superbe « Salman blues » qui, à défaut d’avoir été enregistré, résonne certainement encore et pour longtemps dans la mémoire de tous ceux qui, militaires et journalistes réunis, ont participé à la grande aventure de la division Daguet.