C’est en septembre 1964 qu’Yves Cudennec concrétise sa double vocation pour la médecine et la Marine en rejoignant l’École principale du service de santé de Bordeaux. Après une première affectation au régiment d’infanterie de Marine du Pacifique, il s’oriente vers une carrière hospitalière. Agrégé en ORL, il sert principalement dans les hôpitaux de la région parisienne.
En août 1990, les perspectives de carrière du médecin en chef Cudennec lui apparaissent linéaires. S’il regrette de n’avoir pas encore vécu la mission première du Service, les opérations sur le terrain, l’occasion lui en est donnée lorsque les forces irakiennes envahissent le Koweït.
À cette époque, les formations sanitaires de campagne, composées de personnels de réserve et d’active, sont conçues pour soutenir un court et intense combat contre les troupes du Pacte de Varsovie, sur des territoires centre européens. La Force de réaction rapide, préfigurant l’armée professionnelle d’aujourd’hui, est projetée sur des terres plus lointaines. Elle a par conséquent provoqué la création d’hôpitaux de campagne réduits, structures hospitalières armées uniquement de personnels d’active capables de partir dans les meilleurs délais.
Adjoint au chef du service ORL de l’hôpital du Val-de-Grâce, Yves Cudennec est également commandant du 810e hôpital mobile de campagne, initialement mis en alerte dans le cadre de l’opération Salamandre. Il est donc tout désigné pour partir, dès l’annonce du déploiement des troupes.
Le 810e HMCRA est composé de 14 médecins, d’un pharmacien (pour la décontamination NBC), d’un officier d’administration, de 11 sous-officiers (dont 10 paramédicaux) et de 19 engagés volontaires « santé ». Ces effectifs apparaissent d’autant plus réduits que l’hôpital de campagne assure sa propre sécurité et qu’un personnel ne peut à la fois être à son poste de combat et en service à l’hôpital.
La « chaîne Santé » n’avait pas été testée en situation depuis la guerre d’Algérie et, pour le Service de santé, cette expérience aura contribué à redéfinir la place des médecins hospitaliers et leur emploi dans les opérations extérieures. La création des régiments médicaux doit beaucoup au retour d’expérience de l’opération Daguet.
Même si le retour fut difficile et la réadaptation au quotidien un peu longue, le médecin général Cudennec garde de cette expérience le souvenir de la fraternité vécue dans l’adversité et le danger, ainsi que l’opportunité de vivre pleinement les responsabilités du commandement en situation de conflit. En 1997, il rejoint l’hôpital du Val de Grâce où il occupe jusqu’en 2002 le poste de directeur. Il se retire ensuite en Bretagne.
En photographiant et filmant les installations et les activités de son hôpital de campagne, Yves Cudennec a effectué un important travail de mémoire, témoignage en immersion dont il a fait don à l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense.